Portrait de Luca Pacioli

Jacopo de Barbari

1495
Naples, Museo e Gallerie di Capodimonte

Divine Proportion


extrait de De divina proportione de Luca Pacioli (1445-1517), 1509, chapitre V

Il me paraît, Votre Excellence (le duc de Milan), que le titre approprié à notre traité doit être La Divine Proportion, et cela en vertu du grand nombre de similitudes que je rencontre dans notre proportion, celles dont il s’agira dans ce très utile discours, qui correspondent à Dieu Lui-même.

Elle est unique, parfaitement unique. Il est impossible de lui assigner d’autres catégories, ni distinctions. Et cette unité est l’épithète suprême de Dieu Lui-même, selon toutes les écoles théologiques et aussi philosophiques. Une même proportion se trouvera toujours entre trois termes, ni plus ni moins, comme nous le verrons. Notre proportion ne peut nullement se déterminer par un nombre rationnel ni s’exprimer de manière intelligible. Elle demeure toujours occulte et secrète et est appelée irrationnelle par les mathématiciens. Notre proportion est toujours, dans toute quantité continue ou discrète, grande ou petite, la même et toujours invariable. Et d’aucune manière elle ne peut changer et notre intellect ne peut l’appréhender autrement, comme le démontrera notre explication. Notre sainte proportion confère l’être formel au ciel lui-même, en lui associant la figure du corps appelé dodécaèdre, au corps à douze pentagones, lequel ne peut se former, comme démontré plus loin, sans notre proportion. De même, elle assigne une figure propre et différenciée à chacun des éléments : au feu la figure pyramidale appelée tétraèdre, à la terre le cube appelé hexaèdre, à l’air la figure de l’octaèdre et à l’eau l’icosaèdre. Et selon, les savants, tous les corps réguliers sont occupés par ces formes et figures, comme il sera expliqué plus loin pour chacun d’entre eux. À travers eux, notre proportion donne aussi forme à une infinité de corps appelés dépendants. Et il n’est possible ni de proportionner entre eux ces cinq corps réguliers ni de comprendre qu’ils peuvent être circonscrits dans une sphère sans notre proportion. Bien que nous puissions ajouter d’autres correspondances, celles-ci suffisent pour justifier l’appellation du présent compendium.