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Saint Roch

extrait de La Légende dorée de Jacques de Voragine, 1266,
traduction de Pierre-Gustave Brunet (1843)


Saint Roch descendait d’une famille de Narbonne ; son père se nommait Jean, et sa mère Libérie. A l’age de douze ans, il commença à châtier son corps par l’abstinence. Ses parents étant morts, il se trouva en possession d’un héritage très considérable qu’il distribua aux pauvres ; et renonçant à tous les biens du monde, il se couvrit de vêtement misérable ; et ayant pris une gourde et un bâton, il s’en alla en pèlerinage en Italie. Alors, Rome Aquapendente, Césine et autres endroits étaient en proie aux ravages d’une affreuse maladie pestilentielle, et saint Roch les en délivra en faisant le signe de la croix ; la ville de Plaisance avait à souffrir du même fléau, et Roch se rendit à l’hopital où étaient les malades et les guérit tous. Et il eut immédiatement ensuite la cuisse gauche percée d’un coup de flèche.

Après de grandes souffrances il recouvra la santé, et il retourna dans la Gaule qui était alors livrée aux fureurs de la guerre ; et arrêté dans sa ville natale comme étant un espion, il fut jeté en prison. Il y resta cinq ans, supportant ses afflictions avec la plus grande patience ; et, vivant dans une extrême austérité, il demandait au Seigneur que ceux qui invoqueraient son nom fussent protégés contre la peste. Et il s’endormit en paix à l’âge de trente-deux ans, l’an du seigneur mil trois cent vingt-deux, le seize des calendes de septembre. L’on trouva à ses côtés une tablette sur laquelle était écrit : « Je notifie que ceux qui seront menacés de la peste, et qui auront recours à la protection de saint Roch, seront préservés de cette maladie ».

L’oncle du saint ayant appris cela, lui fit célébrer de somptueuses funérailles en versant beaucoup de larmes et lui fit érigà grand frais une église. L’an du seigneur mil quatre cent quinze, l’on porta son corps en Italie, où il effectua des miracles innombrables, et où, de tous côtés, l’on éleva des églises et des chapelles en son honneur.

Vingt ans plus tard, ses reliques, enlevées furtivement, furent apportés à Venise, où le sénat les reçut avec la plus grande vénération, et où l’on construisit sous son invocation une magnifique basilique.

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