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La couronne d’Ariane

extrait des Fastes d’Ovide,
traduction M. Nisard (1857)

« […] Ces cornes qui parent ton front me rappellent le beau taureau dont ma mère fut éprise ;mais son amour était infâme, et moi je pouvais être glorieuse du mien. Ne me punis pas de t’aimer ; t’ai-je puni, ô Bacchus, quand tu m’as fait l’aveu de ta passion ? Ne sois pas surpris que je brûle pour toi ; n’es-tu pas né dans les flammes ? N’est-ce pas la main d’un père qui seule t’empêcha d’être consumé ? Je suis cette Ariane à qui tu promettais le ciel ; hélas, au lieu de m’y conduire, où m’as-tu laissée ! »

Elle dit, et Bacchus, qui suivait ses pas, n’avait pas cessé de prêter l’oreille aux plaintes de l’infortunée ; il la serre dans ses bras, de sa bouche il essuie les larmes d’Ariane.
« Montons ensemble, dit-il, vers la voûte des cieux ; l’amour nous a unis, qu’un même nom nous unisse encore, et prends celui de Libéra dans ta nouvelle demeure, comme souvenir de notre amour. Je placerai auprès de toi la couronne que Vénus avait reçue de Vulcain et que te donna Vénus. »
Il dit, et aussitôt les pierreries de cette couronne se changent en étoiles ; on en compte neuf dans cette brillante constellation.