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Les colonnes d’Hercule



extrait de L’histoire Universel de Diodore de Sicile, 1er siècle av. J.-C
traduction de l’abbé Terrasson, 1744

Nous allons nous arrêter un moment sur les colonnes d’Hercule dont nous venons de faire mention. Arrivé aux extrémités de la Libye et de l’Europe, Hercule érigea ces colonnes sur les bords de l’Océan. Pour laisser un souvenir immortel de son expédition, il rapprocha, dit-on, par une digue, les extrémités des deux continents, qui étaient autrefois très distants l’un de l’autre, et il ne laissa aux eaux de la mer qu’un passage étroit, empêchant les cétacés de l’Océan d’entrer dans la mer intérieure : ouvrage immense, qui perpétua la mémoire d’Hercule. Quelques-uns prétendent, au contraire, que les deux continents étant joints, Hercule perça l’isthme, et forma ainsi le détroit qui fait aujourd’hui communiquer l’Océan avec notre mer. Chacun est libre d’adopter l’une ou l’autre de ces deux opinions. Hercule avait déjà fait un ouvrage semblable en Grèce. La vallée appelée Tempé, était couverte d’eaux stagnantes dans une grande étendue. Il creusa un canal, par lequel s’écoulèrent ces eaux, et fit ainsi apparaître la plaine de Thessalie, arrosée par le lieuse Pénée. Il fit le contraire dans la Béotie, qu’il ravagea tout entière par une inondation, en barrant le fleuve qui passe près d’Orchomène de Minye. L’outrage qu’il avait exécuté en Thessalie fut un bienfait pour les Grecs, et par celui qu’il avait accompli en Béotie, il vengea les Thébains de la servitude qui leur avaient imposée les Minyens.